J'avoue avoir un faible pour un tableau de Balthus alliant beauté et mystère, pour ne pas dire bizarrerie, pendant du Fragonard des "curieuses" qui représentait déjà deux petits visages de friponnes souriant au fait qu'elles tirent le rideau d'un lit ancien où est supposé dormir une personne inconnue du "spectateur", ici, tout est visible et intrigant, par le fait qu'un "petit monstre féminin" vient tirer aussi le rideau d'une "chambre" où est affalée la rêveuse nue au trois quart de ladite pièce aussi claire que nette, rangée façon "zen", la seule lumière du jour se "jetant" brusquement sur le sexe et tout le corps alangui de la jeune fille abîmée dans cette autre lumière d'un désir (combattu ?) - On sait la passion de Baltus pour les "jeunes filles", le peintre s'immisce-t-il dans le vulvaire, via le rideau tiré comme une large lèvre, de l'intérieur ?..Un naufrage s'exhibe-t-il , ici, que le "petit monstre" regarde, épie, attend, nous fait voir, exprès.... Sombre-t-on du même désir d'en savoir davantage ou avons-nous hâte de refermer le rideau sur ce tableau plus violent qu'un rayon de vérité sur nos ombres les plus profondes, celui qui nous ôte le masque, en criant : - Voyez qui vous êtes !... ?..
Mais vous, à moins que ce ne soit le même, quel est votre tableau préféré, au fait ?..
BALTHUS, La Chambre, 1952.