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A DOUBLE VIE DE DOMINIQUE
Publié le 21 août 2017 - N° 257
 

 

Musicien et écrivain né en 1954, ancien élève de Germaine Tailleferre et Henri Sauguet, ami de Jean-Louis Florentz qui le révèle à la composition, Dominique Preschez présente en première mondiale son Concerto da camera pour guitare, soprano, quintette à cordes et timbales. En concert à l’Oratorio du Louvre à Paris puis à Deauville, cette création est accompagnée de la parution d’un enregistrement (« Mélodies & Concertos », label Polymnie / CDPAC) regroupant cinq de ses œuvres récentes.  Autant de partitions recomposant de manière troublante un passé disparu, suite à l’expérience dramatique d’un AVC et de dix ans de réapprentissage à la vie.  

 

© L. Désert

© L. Désert

Artiste double, Dominique Preschez est à la fois et tout autant musicien -compositeur, organiste, improvisateur et pédagogue – et homme de lettres – romancier, poète, traducteur et éditeur. Les fées s’étaient d’abord généreusement penchées sur son berceau en le dotant de tous ces talents. Avant de s’en détourner un jour de juin 1992 où, à l’âge de 38 ans, victime d’un AVC et d’une rupture d’anévrisme qui le plongent plusieurs semaines dans le coma, sa vie bascule dans le chaos. « J’ai connu littéralement une renaissance…prévient-il d’emblée. Jusqu’ à l’âge de 38 ans, j’avais écrit beaucoup de livres, j’avais vécu dans l’invraisemblable tournoiement de l’écrit, « dans la nuit noir de l’encrier » comme disait Mallarmé. J’ai plongé très loin dans ma vie tiraillée entre la musique et la littérature. Et puis il y a eu cette rupture d’anévrisme. Heureusement, j’ai été sauvé. Mais je me suis éveillé comme un autre : j’étais tout à fait différent, même biologiquement. En renaissant, j’ai dû réapprendre tous les langages parce que j’en avais été totalement dépossédé. Tout cela m’a pris beaucoup d’années, de 38 à 50 ans, moment où j’ai repris toutes mes facultés, avec finalement l’énergie d’un jeune homme de 18 ans ! Je me suis aussi réappris moi-même, avec un besoin de ressentir énormément les autres, tout ce qui était présent dans ma vie » confie l’artiste.

Au passé recomposé

Depuis ces longues années de réapprentissage, Dominique Preschez n’en finit pas de revenir à la création et au bonheur de vivre, toujours partagé, à égalité, entre la musique (le matin) et l’écriture (le soir, souvent dans les cafés de Paris). Sa quête musicale semble mue par le désir de recomposer le passé et de faire revivre des êtres aimés. Ce sera encore le cas dans son Concerto da camera bientôt joué à Paris en création mondiale, écrit à la mémoire de deux amis très chers aujourd’hui disparus. « Je les inscris dans ma musique. J’ai l’impression de recouvrer la voix des anges. Comme créateur, je vis au jour le jour, non pas dans la nostalgie impossible de l’avant mais dans l’instant, avec l’idée de recomposer quelque chose du passé » explique-t-il. L’un de ses interprètes privilégiés, le guitariste Sébastien Llinares (soliste avec la soprano Elise Chauvin de sa nouvelle œuvre) souligne sa « libre esthétique lyrique, ouverte, sans cesse en mutation, dans l’héritage musical de André Jolivet, Henri Sauguet et Henri Dutilleux, en lesquels il se reconnaît », car son langage appartient à une certaine tradition musicale française.  « J’aime le lyrisme. Je suis dans cette lignée très mélodique de la musique française, mais j’aime aussi toutes les imprégnations des musiques du monde » confirme Dominique Preschez. Intellectuel raffiné, humaniste et hédoniste, Dominique Preschez se distingue, forcément influencé par son expérience violente de la maladie, par son désir de faire chanter dans sa musique l’amour simple de la vie, des êtres et de la nature, dans une veine expressionniste qui, à l’instar de ses grandes admirations musicales – Sauguet qui fut son professeur mais aussi par exemple Milhaud ou Ives -, se nourrit de toutes les rencontres et métissages.

Jean Lukas

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Dominique Preschez est né le 26 juin 1954 à Sainte-Adresse, en Normandie. Il s’initie à la musique avec Max Pinchard au Havre, et à l’orgue avec l’abbé Roger Chaudeur, à Lisieux, avant de terminer ses études à la Schola Cantorum de Paris, dont il est lauréat.

Les enseignements reçus, entre 1968 et 1972, de Jean Langlais pour l’interprétation et l’improvisation à l’orgue, de Germaine Tailleferre en harmonie et piano, de Yvonne Desportes en contrepoint et fugue, et de Michel Guiomar en musicologie, l'ont conduit à travailler l’orchestration et la composition avec Henri Sauguet. Son ami Jean-Louis Florentz le conforte dans son chemin vers la composition. Il étudie toutes les esthétiques de ses contemporains compositeurs au travers d’œuvres de Jean Guillou, André Boucourechliev, André Jolivet. Ses préférences vont de Béla Bartók, Charles Ives, Edgar Varèse, à Henri Dutilleux en passant par Pierre Boulez, ou Didier Lockwood. À 38 ans il s’adonne à la composition musicale. Il donne des concerts d’orgue dans toute la France et à l’étranger en tant qu’interprète et improvisateur. Compositeur de plus de cent numéros d’opus, son catalogue compte des œuvres sacrées répondant à son engagement d’organiste liturgiques, musiques de chambre, symphonies, concertos, œuvres pédagogiques, musiques de scène (La voix humaine de Jean Cocteau, les Sonnets de Shakespeare), trois musiques de films (Le Gâteau, le Grand Cerf et un siècle à Deauville). Plusieurs compositions ont été créées par les solistes et amis :les sopranis Caroline Casadesus et Isabelle Panel, les pianistes Annette Chapellière (dédicataire de deux œuvres), Noël Lee, Raphaël Drouin, Yannaël Quenel, le violoniste Jason Meyer, le trompettiste Thierry Caens, la harpiste Bertile Fournier, le comédien Jean Piat et la femme de lettres Andrée Chédid, le Quintette Monsolo, Quatuor Via Nova, Diastema, les Petits Chanteurs de Fourvière entre autres…

Il a également écrit des transcriptions intégrales d’œuvres jamais jouées sur orgue comme la 5e Symphonie de Beethoven, le Boléro de M.Ravel, la Symphonie no 8 dite "Inachevée" de Franz Schubert.

Il participe à des manifestations telles que les "Printemps des Poètes" accompagnant les narrateurs au piano, ou lors de festivals comme Dieulefit (invité depuis sa création) et Die (Drôme) où il conçoit deux spectacles : l’un, Hommage à Witold Gombrowicz pour orgue et deux comédiens (Jean-Claude Dreyfus et Fabrice Carlier), l’autre, Improvisation Cinématographique où, au piano, il suivit à l’aveugle "Aelita" un long métrage muet de 1924. Il participe également à des œuvres picturales contemporaines (Michèle Moreau, Léo Baron....) ou impressionnistes (William Turner, Eugène Boudin, Caspar David Friedrich).

Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres, cet artiste « pluridisciplinaire », titulaire d’une maîtrise de Lettres classiques à l’Université Paris VIII-Vincennes, s’est livré à l’expression littéraire jusqu’à l’âge de 35 ans. Il a notamment publié de nombreux ouvrages - romans, poésies, essais et théâtre -, aux éditions Seghers/Laffont, Fata Morgana, Berger-Levrault et Complexe, et obtenu le Premier Prix Pierre-Jean Jouve en 1984, pour l’ensemble de son œuvre. Ponctuellement, Preschez écrit également pour diverses publications comme Le Centre havrais de Recherche historique (en septembre 2006 : Arthur Honegger, un Helvète alémanique en Normandie, recueil no 64), Les Nouvelles du Havre (2003 Havre de Regrets et de Grâce, éditions des Falaises -collectif), mais aussi dans nombre de recueils.Passionné de cinéma d’Hitchcock (Caméra/Stylo 1981, Tout commence par la fin 117-119), il rend hommage à Pasolini en écrivant Lunapark (composition figurant sur Soleils noirs).

Il est également éditeur (Jude Stéfan, Bernard Delvaille, Édouard Boubat), mais aussi traducteur (Yadollah Royaï traduction du persan éditions l’Œil Écoute (1994), Colloque Fondation Royaumont) conteur ou conférencier (Tarbes : "Borges, la littérature sud-américaine et le Tango", Magny en Vexin : De la Résurrection... à la Création).

Il réside à Deauville depuis de nombreuses années. Titulaire de 1998 à 2011 du grand orgue Haepfer-Ermann, il partage son temps entre Paris, où il enseigne, et le sud de la France, où il compose.

Please, Maestro welcome to Moscow and B😊illings!!

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