Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 14:58
Louis et Mathieu Le Nain, Triple Portrait, vers 1646-1648 © National Gallery, Londres

Louis et Mathieu Le Nain, Triple Portrait, vers 1646-1648 © National Gallery, Londres

Il apparaît sans prévenir, poussant la porte, à l'improviste, et, porteur d'un extincteur, comme de tenter d'éteindre tous les désir-plaisir humains qui dérangeaient son état de phantasmeur-voyeur...comme il aimait voir, mais pas de commencer direct, comme ça, trop vite... 

Sinon, il repartait, pour revenir mater ensuite ce qui se passait dans la pièce secrète...où deux êtres communiquaient d'un tête-à-tête étrange.

D'un effet de Méphisto, tôt ou tard, il venait, sans prévenir, à petits pas feutrés, sans que ni l'un ni l'autre des partenaires ne l'entendent approcher, venir, pousser la porte, et, de lancer à la diable, un étonnant  :  - ah, c'est lui ?

Le petit homme surgit dedans la boîte à conversation, petite fenêtre facebookienne, tel un zébulon, lui aussi, ce qui fit s'esclaffer à chaque fois l'entremetteuse des aromates.

C'est que chacun venait la consulter pour échanger des parfums d'âme, comprenez-vous ?

Et cela rendait, sinon curieux, du moins jaloux le fantôme à l'extincteur, pour venir asperger d'un brouillard spermique ce dont, en fait, il ne tenait à voir dans le réel commun des gens qui ne passaient leurs sacrés temps qu'à communiquer via le monde virtuel (et fantomatique) d'Internet. Nu yin et yang... Et l'un à l'autre affirmait son prochain rendez-vous :

- Je viens dès que je peux et je te le dis dès que je le sais...

Le fantôme à l'extincteur disparut, pour mieux revenir, main qui appuie sur le déclencheur, avant d'y enfouir la fumée blanche entre eux qui discutent et lui qui vient mater... 

Les deux tourtereaux reprirent leurs échanges érotiques. En leur nuit de Walpurgis virtuelle aspergée de l'espiègle arrivée du fantôme des sous-bois, bois et forêt dont la chouette blanche, gardienne des lieux sylvestres, de son cri puissant fermait à minuit le logis verdoyant.

Qui persiste à trouver plaisir ailleurs qu'en ses fantasmes se heurte à la venue à l'improviste d'un fantôme chargé d'un extincteur afin d'en éteindre illico tout embrasement, incendie au feu libidineux des chairs, d'un je-veux-te-voir-comme-si-tu-savais !...

- Ah, bien, okay, j'arrive, le temps de traverser la petite fenêtre, et je te suis là, ma poupée...

- Eh non, eh oh,... Le fantôme est là, à l'année !

- Mais que fais-je de mon corps, il est tout décalé !..

- Sais pas, moi, ...invente !... Surtout n'abandonne pas tes imaginations, salaces ou de probité. Sinon, tout ton nu meurt, et le yin, et le yang, et le reste à l'encan ! L'humain cherche sans fin un repos infini, oubliant que rien ne finit, on fait le tour de tout pour revenir "au même point"...

- Ah ?

- Ben tiens, de l'avant-naître à n'être plus, via le naître et l'inconnu de l'entre-deux vies...Oh, oui, VIENS !...Viens, si tu savais comme j'ai envie de te voir...

- Tout nu ?

- ....  (Tel une seiche, le fantôme éjecta son encre noire de l'extincteur prosaïque et verbal)

 
Le fantôme à l'extincteur
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Saint-Songe
  • : Journal Poético-Littéraire Spirituel
  • Contact

Recherche

Pages