Dès l'entrée, un choix :
- Soit, par la gauche, à gagner la partie du "Temps perdu", vous commencez la visite des 50 variations de Lecture par les 173 volontaires (dont le Maire) des 37 communes de Rennes Métropole et autres lieux de tournage, soit,
allant à droite du guichetier qui vous remet le ticket d'entrée sur lequel, d'ailleurs, n'est curieusement estampillée que la bribe "Temps Perdu...Salle Anita Conti, le O5/03/2009 - 12 / OO ; invitation O,OO euros", vous entrez dans
l'autre moitié de la même salle d' une identique "mise en espace et films orchestrés par Véronique Aubouy", afin
de le Retrouver, ce Topos (date du jour, pour moi) - Kairos, l'éternité des pages lues, ladite salle de ces "temps",
séparée, aux trois quarts, par un rideau-passoire blanc, style store, qui en aère le projet.
J'ai pris par la gauche...
Les dessins sont au sol ; les voix, célestes, qui se dégagent des écrans obliques jouxtant les dessins croqués,
presqu'à main levée, m'a-t-il semblé...dont la fameuse "locomotive" vue sur l'une des pages du Blog de François.
Tout est clair, mais sonore à souhait, un léger brassage des lisants pouvant gêner une attention, tous les écrans diffusant en même temps les auditions privées au Buis Matton, ici ; ne reste qu'un choix trine, pour mieux s'isoler comme en un box de confessionnal : les bornes des kinescopes, petites colonnes à la Buren placées, çà et là, au gré du parcours fléché par les titres des extraits lus, par groupes, par couples, ou solo...
En êtes-vous mieux (il est de ces défaillances techniques qui ne font fonctionner qu'une oreillette, à en perdre un peu le fil du "moment choisi") ?
Si on n'a feuilleté les pages publicitaires des sponsors des Inrockuptibles, d'Art Press et du Mouvement, vient-on déambuler en cette salle Anita Conti par hasard ou par intérêt ? D'ailleurs, Proust a-t-il été choisi au hasard ?
(Dixit le souvenir d'une tasse de thé d'écoute bue à la hâte : "il y a une chose plus grande que la souffrance, c'est le plaisir", liquide de cette véronique officinale (thé d'Europe) sur lequel plane encore le zest d'un rajout citronné :
"Rien n'est plus limité que le plaisir et le vice") - je pris deux heures de visite sur mon temps non moins libre...
Parfois, on peut s'asseoir sur trois bas carrés faisant offices d'escaliers-sièges, prenant mieux son "Temps" pour
capter ce qui se dégage des lectures comme lave et sable des Canaries avec son île de la Tranquillité, et, quand
les diffusions sont finies, dans un orageux éclat de retour ( pour revenir au premier instant de lecture), l'ensemble
des films, se rembobine à vitesse "grand V", tel un cri plaintif de l'Oedicnème (alcaravan) à bec jaune bout noir de nos plaines de la Beauce ou de l'erg de la Crau Camarguais, ou bruissant pareil une éruption d'un des volcans lunaires de Lanzarote ; je dus partir.
Je laissai derrière moi deux jolies étudiantes du Minnessota (l'une, en fac de Lettres, l'autre, d'Histoire, lectrices
de l'écrivain présenté, heureuses de "retrouver" le culturel dans cette dimension visuelle, heureuses autant que
je le fus, ayant choisi de me "perdre" avant que de sortir du lieu par le côté "retrouvé"...)
Une dédicace laissée sur le Livre d'Or au nom de Nadège et des Communautés connues de François Matton et,
peut-être, de Véronique, j'extrayais des yeux une phrase laissée par une jeune main :
"merci, ça donne envie de relire Proust..."